Contexte
Le 28 janvier dernier dans la ville de Kinshasa (Capitale de la RDC), des manifestations ont éclaté ayant été à la base de plusieurs vandalismes de certaines ambassades. Une image montrant des manifestants en train de brûler un drapeau a été partagée sur les réseaux sociaux avec une légende affirmant que le drapeau brûlé est celui du Kenya.
Pour vérifier cette allégation, nous avons mené des recherches grâce à Google Images, et avons aussi consulté la banque d’images Alamy pour identifier l’appartenance du drapeau brûlé, et avons constaté que le drapeau n’est pas du Kenya.
L’image et la légende
L’image a été partagée sur la page Facebook Congo Information, une page ayant pas moins de 293 000 followers et 117 000 likes. L’image est accompagnée de la légende affirmant : « Le drapeau du Kenya brûlé à Kinshasa par les manifestants ».
Nombreux sont ceux d’entre les commentateurs n’ayant pas cru l’information. C’est à l’image du premier qui dit: « Hum tu ne connais pas le drapeau Kenyan ou bien? », avant qu’un autre renchérisse: « Ça, ce n'est pas le drapeau kényan ».
Le drapeau de l’EAC
Pour commencer, nous avons soumis l’image à une recherche par image inversée via Google Images. Cette recherche nous a reconduit vers des articles des médias crédibles tels que la BBC et NTV Kenya. Se servant de l’image, BBC(lien archivé) légende: « Protesters also targeted the Ugandan embassy and burnt the flag of the East African Community », en français: « Les manifestants ont également pris pour cible l'ambassade de l'Ouganda et ont brûlé le drapeau de la Communauté de l'Afrique de l'Est ».
Poursuivant, nous avons consulté un article du média kényan NTV Kenya (lien archivé) qui reprend la même image, avec comme légende: « A protester prepares to burn the flag of EAC (East Africa Community) as Uganda’s embassy gets looted in Kinshasa, Democratic Republic of Congo January 28, 2025 », en français: « Un manifestant se prépare à brûler le drapeau de la Communauté de l'Afrique de l'Est (CAE) alors que l'ambassade de l'Ouganda a été pillée à Kinshasa, en République démocratique du Congo, le 28 janvier 2025 ». Une précision qui contredit l’allégation selon laquelle c’est un drapeau de l’EAC.
Par ailleurs, nous avons soumis l’image à une analyse comparative grâce à la banque d’images alamy, en faisant une première recherche sur le drapeau kényan, et la banque nous a fourni des images bien différentes.
Capture effectué par Eleza Fact illustrant des résultats de la recherche sur le drapeau kényan
Ensuite, nous avons poursuivi les recherches, cette fois sur le drapeau de l’EAC, dont la RDC est membre. Le résultat des images est similaire au drapeau sur l’image reprise dans l’infox.
Captures comparatives des résultats de la recherche sur le drapeau de l’EAC, aux côtés de l’image de l’infox
Le rôle politique du Kenya dans l’EAC
En novembre de l’année écoulée, William Ruto, le président du Kenya, a pris la présidence (lien archivé) de la Communauté de l’Afrique centrale(EAC), héritant ainsi des problèmes majeurs auxquels fait face l’organisation régionale, parmi lesquels le défi financier(la RDC étant aussi débiteur) et la crise qui sévit à l’Est de la RDC.
Parmi les recommandations (lien archivé), Tshisekedi a exhorté à Ruto d’être impartial dans la gestion des tensions entre la RDC et le Rwanda.
Des manifestations à Kinshasa
Le 28 janvier dernier, soit 2 jours après la prise de la ville de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu à l’est de la RDC par le mouvement du M23, une manifestation violente (lien archivé) a éclaté à Kinshasa.
Les manifestants disaient être en colère et ont alors vandalisé plusieurs ambassades, entre autres celle de la France, des Etats-Unis, du Rwanda, de l’Ouganda et du Kenya, les soupçonnant d'être complices du M23 et responsables de l’escalade des tensions à l’Est de la RDC.
Verdict
L’allégation selon laquelle le drapeau brûlé sur la photo est celui du Kenya est fausse. Grâce à des recherches via Google Images et Alamy, le verdict est sans appel: le drapeau est celui de l’EAC et non du Kenya.
Véhiculer des informations erronées, intentionnellement ou pas, peut facilement discréditer les institutions publiques et leurs emblèmes, comme dans ce cas avec le Kenya.
Prenons donc le temps de vérifier les informations en notre disposition avant de les partager, ainsi nous barrerons la route à la désinformation.
Edité par Esdras Tsongo